Bricoville (3/5)

Publié le 9 Février 2018

La première partie / La deuxième partie / La quatrième partie / La cinquième partie

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Cher journal,
Après une première version en 2008, puis une reprise du projet en 2010, je continue de travailler le sillon tracé. Nous sommes maintenant en 2012 (tout ça prend du temps, c'est compliqué de réussir à développer des projets quand il faut trimer pour gagner sa croûte).

Je décide de faire une demande de bourse au CNL, et je m'y mets donc sérieusement. Je change le nom du projet : une chaine de magasins de bricolage portant le nom de Bricoland, autant s'éviter amalgames et procès, j'opte pour Bricoville.
Je retravaille le synopsis, le livre devient un voyage initiatique, éduquant un roi naïf et un peu stupide. Je rajoute des royaumes pour densifier l'univers : Agglobourg, royaume dédié à l'aggloméré ; Cosmilokos, qui rassemble des sortes de raéliens persuadés d'être télépathes (j'ai fini par éliminer ce royaume, n'arrivant à en tirer rien d'autre que 2 blagues pas très marrantes) ; Sinope où personne ne bricole parce que personne ne possède rien – je venais d'illustrer Diogène, l'homme-chien.
Tous ces éléments, constitutifs du dossier, sont consultables sur ce PDF.

Je raconte ça comme si c'était simple, mais non. En fait, je galère !
Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment, mais sur ce livre, bien plus que sur L'Ours, je cherche à être un « bon » scénariste : j'écris, j'écris, j'écris, je compile des notes, je crée des dizaines de documents textes d'une dizaine de pages chacun. Je travaille mon scénario comme un « vrai » scénariste, avec description de décors, des personnages, les dialogues...
Bref, j'essaye d'être un bon élève.
La vérité, c'est que j'ai la trouille. Parce que je demande une bourse du CNL, ce n'est pas rien, ça me met la pression. D'autant plus que j'en ai besoin, de cet argent... parce que je suis en plein dans mes années de galère, que personne ne veut de mon travail. Et mécaniquement, je n'ai pas confiance en moi. J'essaye d'y remédier par un trop de méthodisme. Et comme j'ai la trouille, je montre très peu de choses, je ne fais pas relire, je ne profite pas du recul des autres.
(Sans chercher à jouer à Caliméro, tous ces problèmes et ces questions font partie de l'histoire de Bricoville, et expliquent une partie de ses échecs et de ses succès)

Je fais les premières pages. C'est une scène de comédie musicale, j'y mets tout ce qui m'intéresse dans ce projet : de la joie, du loufoque, des jeux sur le découpage et le sens de lecture, de la typo...

Je me dis aujourd'hui que j'aurais du faire Bricoville à ce moment-là, porté par cette énergie. Ces pages ont leurs défauts, elles ont vieilli, mais c'est le résultat le plus intéressant auquel j'ai abouti.

 

 

 

 

 

 

 


 


 


 

(clic pour voir en plus grand)

La suite du récit, sous forme de découpage, est lisible sur ce PDF.

En attendant d'avoir la réponse du CNL, j'envoie le projet à quelques éditeurs, qui me le refusent. Il faut reconnaître que j'ai fait ma diva : je ne l'ai envoyé qu'à 2 éditeurs. Encore une fois, avec le recul, j'aurais du plus insister, être entêté, ne pas m'arrêter là, quitte à faire le livre moi-même (encore que ça, je ne n'en avais pas les moyens). J'ai raté le coche.

J'ai une réponse du CNL : J'AI LA BOURSE DE CRÉATION ! Je ne suis que joie et bonheur.

Et pourtant, je pense que c'est à ce moment-là que le projet s'est enlisé.

Parce qu'il commence à se passer des choses pour moi à ce moment-là : fin 2012/début 2013, je travaille sérieusement sur Les Pénates, avec Alexandre Franc au scénario, pour une publication qui débute au premier numéro de Professeur Cyclope, en mars 2013. C'est un super projet qui deviendra un livre (Casterman, 2014). Dans le même temps, j'entame des recherches avec un scénariste sur une biographie de Miles Davis en BD, à laquelle je crois, mais qui pour de nombreuses raisons ne verra jamais le jour. Et fin 2013, je commence à être prof, je commence à collaborer avec La Revue Dessinée, je fais de l'illustration jeunesse...
Je n'ai donc plus le temps de travailler sérieusement sur Bricoville, qui devient le « projet d'après ». Et cet « après » s'éternisera.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #Bande dessinée mon lapin

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